lundi 20 août 2012

Dried ink - Broken writer.



Je fixe cette ombre qui tremble sur le mur de la pièce qui me sert de chambre depuis un bon moment. Mon ombre. Projetée par la lueur de cette bougie qui a déjà vécu la moitié de sa vie, elle me semble plus dynamique que ma personne. 

Sa lumière est chaleureuse et se pose doucement sur le cahier qui me fait face.
Je pourrais allumer le lampadaire dans un coin, mais sa lumière me gêne, elle m'aveugle. Blanche, irréelle... artificielle ? Artificielle.

Il m'aura fallu une bonne vingtaine de secondes pour attraper ce mot qui voulait échapper à mon esprit. Ridicule. Tellement ridicule. Un mot si simple, basique. 

Mais lui aussi il m'abandonne. Ils m'abandonnent tous. Ils ne m'ont pas pardonné.

Pourtant, l'inspiration me tire de ma torpeur avec encore plus de vigueur qu'auparavant. Elle hante mes rêves, et lorsqu'elle ne peut les percer, brise tout simplement mon sommeil avant de se déverser en moi.

Les images défilent. 
Mais les mots ne veulent pas. 

Ils m'en veulent de les avoir traîtés comme tous les autres. Froidement, avec distance. Sans y mettre mon coeur.

Les dissertations se sont enchaînées, tout comme les exposés et autres études où l'inspiration n'est qu'une marginale à faire brûler sur un bûcher.




Oh, une idée. Une piste de mots.

Vite, le papier, vite, vite, avant que je ne la perde.


La plume se lève avant de plonger vers la feuille... La feuille... ?

Comment est-ce qu'on dit déjà ? C'est une expression que j'ai toujours aimé, qui décrit la couleur blanche avec poésie. Mais elle me fuit, elle aussi. Artificielle m'avait laissé entrevoir la forme de son nom, la première lettre. Mais elle, elle ne me laisse rien, et mon esprit ne fait que buter sur Ecarlate, ironiquement.

J'ai perdu la piste.

Je peux écrire, bien sûr. Mais si les mots étaient encre, alors ma plume serait bien pitoyable. Qu'importe qu'on la secoue, les traits pleins d'antant ne semblent être que de vieux souvenirs à présent. Maintenant, elle trace des lettres incomplètes. Lisibles, mais incomplètes.

L'extrémité de la plume frôle le papier. Trace avec hésitation boucles, traits, et points. S'arrête.

Relecture. Rupture.

Une bourrasque se faufile par la fenêtre entrouverte. 
La flamme de la bougie lutte quelques instants, penchée tel un arbre dans la tourmente.

Puis elle s'éteint.

Par pitié, pardonnez moi.

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