jeudi 24 mai 2012

Haruka.

J'avais besoin d'une excuse pour partager avec vous ces magnifiques photographies du Japon.
Mais en fait, pourquoi toujours avoir une raison particulière ?

Appréciez simplement.





[ Album Complet ]
© 眼中的日本 1st



















あの さくら みせて やりたい
« Ano sakura misete yaritai. »


Huatza's Wind.



Des habits aux couleurs vives. Des cheveux d'un noir d'encre, des traits d'Inca.

Diverses flûtes aux sonorités aussi légères que le vent.

Une mélodie qui m'a poussée, moi, l'associable de service, à sortir de la voiture et à errer au beau milieu d'une braderie.

Un petit attroupement de curieux attentifs. Une femme qui s'occupe d'un petit stand.
Les notes s'enchaînent. Par dessus le brouaha de la foule, des voix des vendeurs et tout le reste.

Une brume de tristesse qui vient serrer le coeur avec douceur. 
Echo d'une civilisation lointaine.


Magnifique.


Merci.




dimanche 6 mai 2012

Memories in the Rain.


Courir dans la rue, contourner une bande d'amis qui marchent sans se soucier de la pluie. Sentir dans certains passages la soudaine hausse de la probabilité de chute mais ne pas en tenir compte. Arriver devant un magasin, balayer du regard les produits exposés et repérer ceux qu'on cherchait.

Légère hésitation. Gris-noir ou Bleu ? Bleu bien sûr.

Payer, partir. Se saisir de la poignée, faire quelques pas à l'extérieur et laisser l'objet éclore comme une fleur inversée.

Sentir les gouttes en frapper la corolle avec force.
Sourire et reprendre sa route.







En face du marché, devant lequel attendent plusieurs personnes, à l'affût du bus - bleu et blanc ici - qui arborerait le numéro qui correspondrait à leur destination, cet espace vide déconcertant auquel elle n'arrive décidément pas à s'habituer.
Des panneaux sont plantés ici là, présentant un projet qui ne fait qu'être délayé, encore et encore, repoussant l'année de construction comme si la certitude de l'atteindre était bien présente.

Une intersection. Peu importe le choix du chemin, la distance qui restera à parcourir sera la même.
A droite, la rue piétonne où, malgré la pluie, se pressent de nombreux passants. A gauche, un passage où la nostalgie persiste un peu plus fort qu'ailleurs, car recouvrant un espace fréquenté à de nombreuses reprises. 


Le boulanger. La galerie.
 L'école.
Un coup d'oeil à travers le portail sur les murs verts du bâtiment. Auraient-ils rétréci ? L'autre possibilité est teintée d'une pointe de tristesse qui ne peut être effacée.

L'ancienne demeure. Qu'en ont fait les propriétaires ?
Mélange de cynisme critique à l'égard des promesses de rénovation non tenues et d'une sorte de soulagement quant à l'absence de changement. Elle se revoit courir dans ce couloir à l'extérieur, s'appuyer sans prudence sur cette rambarde, escalader celle-là pour prendre soin du petit félin qui avait perdu sa famille en une nuit. Ses murs qui ont renvoyé l'écho de ses rires, supporté son dos dans ses moments de faiblesse.

Elle continue son chemin et voit que la rue a bien changé, encore une fois. Ici, des travaux. Ici, une devanture réaménagée. Ici, un magasin qui n'existait pas.

Tant de changements. A côté de ce qui ne change pas, leur impact est ressenti encore plus profondément.

Et lui, avait-il changé... ?
Celui qu'elle a prévenu de son arrivée.
Celui qu'elle allait rencontrer après plus de dix ans sans contact.
Cet ami qu'elle avait connu dans son enfance, qu'elle avait pris à connaître à nouveau via un écran et un clavier.


Elle rejoint finalement la route piétonne, arrivant à destination  un peu plus vite que prévu.

Bien qu'ayant changé de nom, la grande librairie n'a pas subi d'énormes mutations, hormis quelques rayons disparus et d'autres nouveaux.
A la place de la caverne d'Ali Baba à l'étage, où étaient disposés ordinateurs et divers jeux à l'époque, on découvre des rayonnages de livres universitaires.

Elle fuit instinctivement, et finit par errer dans l'espace dédié aux artistes, où pinceaux, peintures et fioles côtoient mille et unes feuilles de couleur, figurines de papier et autres accessoires utiles au calligraphe amateur.

Puis elle redescend, et, tentant d'éviter les lieux où se concentrent un peu trop de lecteurs, finit au fond d'une salle, à lire une bande-dessinée où l'auteur se moquait avec brio de la politique française.

Entre deux pages, sa lecture est interrompue par la vibration de son portable dans sa poche. Le fait qu'il ne s'arrête pas signale un appel, et elle peut facilement deviner de qui il provient. Il est arrivé, la cherche et ne la trouve pas, en toute logique.

A peine quelques secondes plus tard, elle le repère.
iPhone à la main, tout de noir vêtu, se tournant à droite et à gauche, la cherchant des yeux.

Pendant un instant, elle pense s'esquiver et retarder encore un petit peu cette fameuse rencontre programmée depuis si longtemps. Pour se faire à l'idée de lui parler et l'observer à distance, ce vieil ami qu'elle n'avait pas vu depuis tant d'années.

Et puis parce qu'au fond, elle a peur de son regard. Peur de décevoir. Peur qu'il ait trop changé, comme les rues de cette ville où elle a grandi.

Mais elle s'avance finalement, et il la voit.

De part et d'autre se superposent l'image de l'enfance, celle qui vient à l'esprit quand on entend le prénom de cette personne qu'on a côtoyé, enfant,
 sur celle d'aujourd'hui, plus âgée, différente et en même temps familière.

Il semble hésitant, alors elle prend la parole. Elle a toujours eu une certaine facilité à bavarder sur tout et n'importe quoi. Et lui, comme tous les autres, se laisse prendre par cette illusion de confiance et d'absence totale de timidité.

Elle lui reproche d'être plus grand qu'elle, ce qu'elle n'avait pas prévu. Puis elle enchaîne sur diverses remarques et autres remarques déliresques dont elle a le secret.
Mais il rit, alors elle se dit que tout cela n'est pas en vain, que son humour n'est pas si désespérant que ça.
Cependant, combien de temps pourrait-il gérer pareille folie ? Allait-il finir par fuir ?

Pour le moment, il se laissait entraîner, poliment, sans remettre en cause la logique de l'esprit de celle qui le guidait dans la librairie.

Toujours aussi gentil qu'à l'époque.

Les minutes passaient, et la gêne légère qui flottait encore semblait, au soulagement de l'intéressée, se dissiper.

- Et maintenant, où est-ce qu'on va ?



Dehors, la pluie, encore et toujours. Elle l'avait espérée, et n'était pas déçue. Le parapluie bleu s'ouvre à nouveau, bien assez grand pour deux. 

Un bras gauche un peu plus frêle, normal pour les gens droitiers. Un air moqueur. Une méchante main qui se saisit de la poignée malgré une solide contestation. Changement de place.
Et le parapluie qui monte de quelques centimètres, rappelant la dure réalité de la différence de taille.




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Tu sais, peut-être bien que la prochaine fois tu parleras plus
Mais moi, je parlerai moins
Car contrairement à la logique habituelle
C'est quand je suis vraiment à l'aise avec quelqu'un
Que je me permets d'installer
Doucement
Un silence
Confortable.