Alors, en plissant des yeux, on distinguerait au loin les voiles blanches ou noires d'une caravelle s'approcher lentement du rivage.
Ah, si seulement.
Cela fait deux jours qu'il pleut sans arrêt et ça ne semble pas être prêt de s'arrêter, à ma grande joie. Personne ne niera le plaisir à voir le soleil jouer à cache-cache derrière les nuages sur un fond de ciel bleu paradisiaque. Mais personne ne me fera jamais détester la pluie. On l'appelle "mauvais temps" et je n'ai jamais compris ce terme péjoratif. En quoi un soleil aveuglant et une chaleur suffocante peuvent être considérés comme "beau temps" alors qu'une averse est souvent accueillie avec un haussement d'épaules et une mine renfrognée ?
" Après la pluie vient le beau temps. " dit le dicton.
Je crois que chacun a son propre "beau temps". Si la vision d'une goutte d'eau semble pouvoir en faire pleurer certains, je ne pourrais jamais compter le nombre de fois où elle m'a fait sourire, chassant les émanations dépressives de mon désarroi face à un quelconque problème rencontré en chemin.
Fermer les yeux quelques instants, écouter la mélodie de l'eau et de la terre, sentir son odeur particulière, puis ouvrir ses paupières à nouveau.
Doucement, une goutte de pluie se forme sur l'une des baleines d'un parapluie gris-noir, hésite quelques secondes puis se jette dans la flaque qui l'attend sur le sol. Alors une onde se forme avant de très vite disparaître sous ses soeurs qui défilent les unes après les autres. Malgré le fait qu'elle soit constamment troublée par les gouttes, la flaque reflète un bout de ciel gris ainsi qu'un bout de parapluie. Ce dernier tourne subitement dans les mains de sa propriétaire, sa poignée usée par le temps. A quelques centimètres de la flaque, une paire de baskets noires immobiles se font éclabousser un peu plus à chaque minute qui passe à attendre un bus qui ne vient pas.
Parce que je suis sûre que tu passes tous les jours vérifier si un commentaire a été déposé ici.
RépondreSupprimerEt que ça fait longtemps que je n'ai pas commenté de blog, finalement.
Et que tes pavés m'ont manqué.
(Et aussi pour que tu cesses de me harceler.)
Un commentaire inutile, donc.
Je ne pense pas qu'on puisse avoir un panel de réactions variées et/ ou originales à la lecture de cet article, je vais donc sauter à pied joints dans ce qu'il est difficile de nier, à savoir que tu écris toujours aussi bien et que j'entends le son familier du crépitement des torrents que seul sait déverser le ciel réunionnais sur la tôle de ma case - qui aime à frôler les nuages les jours de tes bien-aimées et interminables sessions pluvieuses - à la simple lecture de ces lignes et de leur beau fond bleu pirate.
Ah, et aussi que c'est un plaisir de te retrouver, mais ça, tu le sais.
J'aime la pluie à la Réunion, comme toi, parce qu'elle tombe avec violence et parfois pendant des jours entiers, que le monde vire au gris, nappé dans un brouillard mystérieux et que, à la fin, le monde réapparaît au détour d'un rayon jaune pâle, lavé, timide, et infiniment plus léger. La pluie diluvienne est un soulagement, et dans le fracas des trombes d'eau tropicales, on n'entend plus rien que le son hypnotique de la pluie. Et il n'y a plus de pensées noires ni d'inquiétudes vagues, juste cette eau, les routes noyées et la chaleur du foyer.
Mais je n'aime pas les pluies légères et grises du continent, glacées et impersonnelles, mais je suis sûre que tu aimes tout autant la pluie de Bruxelles que celle de Saint-Pierre, donc je ne ravirai pas ton accord sur cette préférence-là.
Voilà, c'était une observation inutile, d'insulaire à insulaire, entre deux Kanjis.
Aie-je vraiment besoin de signer ce commentaire ?